Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/90

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ravages des Barbares qu’Alaric conduisit des bords du Danube en Italie, furent bien moins funestes à la ville de Rome que les hostilités exercées dans cette même ville par les troupes de Charles-Quint, qui s’intitulait prince catholique et empereur des Romains[1]. Les Goths évacuèrent la ville au bout de six jours ; mais Rome fut, durant neuf mois, la victime des Impériaux, et chaque jour, chaque heure était marquée par quelque acte abominable de cruauté, de débauche ou de rapine. L’autorité d’Alaric mettait quelques bornes à la licence de cette multitude farouche qui le reconnaissait pour son chef et son monarque ; mais le connétable de Bourbon avait glorieusement perdu la vie à l’attaque des murs, et la mort du général ne laissait plus aucun frein ni aucune discipline dans une armée composée de trois nations différentes, d’Italiens, d’Allemands et d’Espagnols. Dans le commencement du seizième siècle, les mœurs de l’Italie présentaient le modèle le plus accompli de la dépravation humaine ; et la

  1. Le lecteur qui désire connaître les circonstances de ce fameux événement, peut lire l’excellent récit du docteur Robertson, Hist. de Charles, vol. II, p. 283 ; ou consulter gli Annali d’Italia, du savant Muratori, t. XIV, p. 230-244, édit. in-8o. S’il veut examiner les originaux, il peut avoir recours au dix-huitième livre de la grande mais incomplète histoire de Guicciardini. Au reste, l’ouvrage qui mérite le mieux le titre d’authentique et d’original, est un petit livre intitulé Il sacco di Roma, composé environ un mois après le pillage de la ville, par le frère de l’historien Guicciardini, qui parait avoir été magistrat habile et écrivain impartial.