Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/91

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réunion des crimes sanguinaires des nations sauvages aux vices qui naissent parmi les nations civilisées de l’abus du luxe et des arts ; les aventuriers qui, oubliant tous les sentimens du patriotisme et les préjugés de la superstition, assaillirent le palais du pontife romain, doivent être considérés comme les plus scélérats des Italiens. À cette époque, les Espagnols étaient la terreur de l’ancien et du nouveau Monde : mais un orgueil farouche, une avide rapacité, une cruauté implacable ternissaient l’éclat de leur haute valeur. Infatigables à la poursuite de l’or et de la renommée, ils avaient perfectionné, par la pratique, les méthodes les plus féroces de torturer leurs prisonniers. Parmi les Castillans qui pillèrent Rome, il se trouvait sans doute des familiers de l’Inquisition et peut-être quelques volontaires nouvellement arrivés du Mexique. Les Allemands étaient moins corrompus que les Italiens, moins cruels que les Espagnols ; et l’aspect rustique ou même sauvage de ces guerriers ultramontains déguisait souvent un caractère facile et compatissant : mais dans la première ferveur d’une réformation récente, ils avaient adopté l’esprit aussi-bien que les principes de Luther. Ils se plaisaient à insulter les catholiques et à détruire les objets consacrés aux cérémonies de leur religion ; ils se livraient sans remords et sans pitié à leur pieuse haine contre le clergé de toutes les classes et de toutes les dénominations, qui compose la plus grande partie des habitans de Rome moderne ; et leur zèle fanatique aspirait peut-être à