Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

imprudemment choisi pour guide, livra, près de Faenza, l’avant-garde et plusieurs comtes goths qui périrent victimes de sa double perfidie. Odoacre parut de nouveau maître de la campagne ; et Théodoric, retranché dans son camp de Pavie, fut réduit à solliciter le secours des Visigoths de la Gaule, ses alliés. Le cours de cette histoire a fourni assez de récits de guerre pour satisfaire en ce genre le goût des amateurs les plus passionnés ; et je ne puis regretter que des monumens obscurs ou des matériaux imparfaits m’ôtent les moyens de raconter plus en détail les malheurs de l’Italie, et cette guerre terrible qui fut enfin terminée par l’habileté, l’expérience et la valeur du roi des Goths. Immédiatement avant la bataille de Vérone, il se rendit à la tente de sa mère et de sa sœur[1], et leur demanda pour ce jour, qu’il regardait comme le plus beau de sa vie, le riche vêtement qu’elles avaient travaillé de leurs mains. « Notre gloire, dit-il à sa mère, est commune et inséparable. On sait que vous êtes la mère de Théodoric, et c’est à moi à prouver que je suis le véritable rejeton des héros dont je prétends descendre. » La femme ou la concubine de Théodemir était animée du courage de ces matrones germaines, qui préféraient pour leur fils l’honneur à la vie, et l’on raconte que

  1. Voyez Ennodius, p. 1603, 1604. Puisque l’orateur osait, en présence du roi, parler de sa mère et lui donner des éloges, il faut en conclure que les reproches vulgaires de concubine et de bâtard ne blessaient point la grande âme de ce prince.