Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

faisait soigneusement entrer dans la balance leurs passions, leurs intérêts et leurs opinions, et sa conduite était tantôt adaptée à la violence sanguinaire des Germains, tantôt modérée par la politique plus douce de Rome et du christianisme. La mort lui ferma la carrière de la victoire dans la quarante-cinquième année de son âge ; mais sous son règne, qui dura trente ans, la monarchie française s’établit solidement dans les Gaules.

Sa victoire sur Syagrius. A. D. 486.

La défaite de Syagrius, fils d’Ægidius, fut le premier exploit de Clovis ; et il est probable que dans cette guerre, aux motifs d’intérêt général se joignirent ceux du ressentiment particulier. Le souvenir de la gloire du père était un outrage pour la race Mérovingienne, et il est possible que le pouvoir du fils ait excité l’ambition jalouse du roi des Francs. Syagrius avait hérité de son père de la ville et du diocèse de Soissons. Il était probable que les restes désolés de la seconde Belgique, Reims, Troyes, Amiens et Beauvais reconnaîtraient pour maître le comte ou patrice[1] ; et après la chute de l’empire d’Occident, il pouvait régner avec le titre ou au

    et qui a conduit des négociations importantes et délicates, explique ingénieusement le système politique de Clovis, Mém. de l’Acad. des inscript., t. XX, p. 147-184.

  1. M. Biet, dans une Dissertation qui mérita le prix de l’Académie de Soissons (p. 178-226), a soigneusement détaillé l’état et l’étendue du royaume de Syagrius et de son père Ægidius, mais il s’en rapporte trop légèrement à l’autorité de Dubos (t. II, p. 54-57), lorsqu’il prive le patrice d’Amiens et de Beauvais.