Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/392

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je traite avec mes ennemis, répondit le général romain avec un sourire dédaigneux, je suis plus accoutumé à donner qu’à recevoir des conseils : au reste, je tiens d’une main la ruine de Naples, et de l’autre, la paix et la liberté telles que je les ai accordées à la Sicile. » La crainte des délais l’engagea à proposer les conditions les plus avantageuses. Son honneur en était le garant ; mais deux factions divisaient Naples : l’esprit de la démocratie grecque y était encore exalté par les discours des orateurs qui représentaient aux citoyens, avec beaucoup d’énergie et quelque vérité, que les Goths puniraient leur défection, et que Bélisaire lui-même estimerait leur loyauté et leur valeur. Leurs délibérations toutefois n’étaient pas complètement libres : huit cents Barbares, dont les femmes et les enfans étaient retenus à Ravenne, comme gages de leur fidélité, dominaient dans la ville ; et les Juifs, riches et en grand nombre, résistaient avec le désespoir du fanatisme à la domination intolérante de Justinien. Naples, même à une époque beaucoup plus récente[1], n’offrait pas plus de deux mille trois cent soixante-trois pas

  1. C’est la mesure que trouva Roger II après la conquête de Naples (A. D. 1139), dont il fit la capitale de son nouveau royaume. (Giannon., Istoria civile, tom. II, p. 169.) Cette ville, la troisième de l’Europe chrétienne, a aujourd’hui plus de douze milles de circonférence (Jul. Cæs. Capaccii Histor. Neapol., l. I, p. 47), et elle contient plus d’habitans (trois cent cinquante mille) dans un espace donné, qu’aucun autre lieu du monde connu.