Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

reste une description curieuse de la réception qu’on fit aux ambassadeurs romains dans le camp des Turcs. Lorsqu’on les eut purifiés avec du feu et de l’encens, d’après un usage qu’on observait encore sous les fils de Zingis, on les admit à l’audience de Disabul La tente de ce prince se trouvait au fond d’une vallée de la montagne d’Or ; il était assis dans un fauteuil monté sur des roulettes, auquel on pouvait au besoin atteler un cheval. Dès qu’ils eurent remis leurs présens aux officiers chargés de les recevoir, ils exposèrent, dans une harangue pompeuse, les vœux de l’empereur romain pour que la victoire accompagnât les armes des Turcs, pour que leur règne fût long et prospère, et que sans jalousie et sans tromperie, une alliance étroite se perpétuât à jamais entre les deux nations les plus puissantes de la terre. La réponse de Disabul ne fut pas moins amicale ; et les ambassadeurs se placèrent à côté de lui à un festin qui dura la plus grande partie de la journée. Des tapisseries de soie environnaient la tente ; et on servit une liqueur tartare qui ressemblait du moins au vin par ses qualités enivrantes. Le repas de la journée suivante fut plus somptueux ; les tapisseries de soie de la seconde tente représentaient en broderie diverses figures ; la chaise du prince, les coupes et les vases étaient d’or : des colonnes d’un bois doré soutenaient un troisième pavillon ; un lit d’un or pur y reposait sur quatre paons de même métal, et devant la tente, on voyait sur des chariots, des plats, des statues et des bassins d’argent massif et