Page:Gide - Amyntas, 1906.djvu/279

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
biskra

Dimanche soir.

Dans le petit jardin, qu’on n’aperçoit pas de la route, où l’on entre en traversant le cabaret — dans ce petit jardin nous nous assîmes. Le soir y tombait lentement.

Là coulait un peu d’eau ; là s’étiolaient quelques fleurs.

Deux maigres jujubiers, aux deux côtés de nous, formaient cadre à l’endroit frémissant du ciel où achevait de saigner le soleil. Là Bou-Azis vint me rejoindre ; là, comme un chant d’oiseau crépusculaire, le chant de son chalumeau s’éleva. Ce n’était pas le sifflement voilé qu’ici j’avais accoutumé d’entendre ; mais clair, aigu, tendu, déchirant le soir et parfois presque

273