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À FRANÇOIS PORCHÉ

Janvier 1928.
Mon cher François Porché,

On dit que vous avez écrit un livre courageux[1]. Je le dis aussi, et que votre grand courage a été, tout en vous opposant au mal, de ne pas faire chorus avec les aboyeurs ; de comprendre et de faire comprendre qu’il y a, dans le sujet que vous traitez, autre chose que matière à anathèmes, à quolibets et à brocards.

Tout votre livre respire, à l’égard de la question, non seulement une intelligence peu ordinaire ; mais aussi une honnêteté, une décence et une courtoisie (particulièrement en ce qui me concerne), auxquelles je suis peu habitué, et, partant, loin d’être insensible. Il y a plus : je n’ai pu lire sans une émotion profonde les pages où vous évoquez certains souvenirs du temps de guerre, et veux que vous sachiez l’écho que l’expression de votre estime et de votre sympathie trouve en mon cœur.

  1. L’amour qui n’ose pas dire son nom.