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pas dépensé au dehors. Je veux dire : cette variation est sans doute en relation directe avec le plus ou moins de chasteté.

— Je ne crois pas qu’il faille chercher ici un enseignement. Les plus sages zootechniciens limitent la dépense de l’étalon à une saillie par jour ; mais, lorsque celui-ci s’épuiserait dès son plus jeune âge dans un nombre d’assauts irréglés, il y perdrait sans doute sa vigueur, mais non point aucun des caractères de son dimorphisme[1]. Inhibée chez l’animal châtré, la force catagénétique, chez le mâle entier se taille la première part.

— Je songeais aux ténors qui compromettent dans l’amour leurs notes extrêmes…

— Tout au plus peut-on dire que ces caractères dimorphiques n’atteignent leur plus belle ampleur, dans les espèces dites « supérieures », que lorsque la dépense séminale est réduite à son minimum. La chasteté, par contre, n’est pas de grand profit pour la femelle ; aucune force catagénétique ne trouvera jamais matière à variations dans ce qu’elle dérobe à la race… Tiens ! je trouve à côté de ma citation de Bergson, un passage extrait du discours de Perrier à la séance annuelle des cinq Académies de 1905. Il ne dit rien de bien particulier, mais…

— Lisez-le.

… Si les œufs peuvent s’emparer de ces réserves, chez les animaux inférieurs, avec une telle avidité qu’ils détruisent l’être dans lequel ils sont nés, on comprend qu’ils s’opposent à tout développement inutile chez les animaux

  1. Ce dimorphisme est très peu sensible chez les équidés ; mais ce que j’en dis s’applique aussi bien à toute autre famille.