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supérieurs, et c’est pourquoi le sexe féminin garde si souvent la livrée des jeunes individus que l’autre sexe ne fait que traverser. Tout ceci se coordonne donc parfaitement.

— Anagénèse.

— Tout semble au contraire contraste, contradiction, paradoxe quand il s’agit du sexe masculin. Ce sexe a pourtant lui aussi sa caractéristique. Ces brillants atours, ces prestigieux moyens de séduction ne sont, en somme, qu’un vain étalage de parties mortes, le signe d’une dépense inconsidérée, d’une prodigalité démesurée de l’organisme, la marque d’un tempérament qui extériorise, mais ne connaît pas l’économie.

— Catagénèse ! Oh ! Catagénèse furieusement !…

— Les somptueuses couleurs des papillons ont pour siège de menues écailles, élégantes sans doute, mais sans aucune vie… Les couleurs des oiseaux se développent dans leurs plumes qui sont tout à fait mortes, etc. Je ne puis vous lire tout le discours.

— Eh ! N’est-ce pas ainsi que l’efflorescence de la sculpture et de la peinture, de l’art enfin, se développe sur ces parties des temples grecs et des cathédrales, qui précisément avaient cessé d’être utiles ?

— Oui, c’est ainsi qu’on explique la formation des triglyphes et des métopes, par exemple. Ne peut être asservi à la finalité esthétique que ce qui échappe à l’asservissement utilitaire, pourrait-on dire. N’insistons point ; cela nous distrairait.

Le sexe féminin, conclut Perrier, est donc en quelque sorte le sexe de la prévoyance physiolo-