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— Eh ! n’est-ce pas précisément que l’instinct sexuel les avertit qu’alors la fécondation ne pourrait avoir lieu ?

— Voilà des animaux bien renseignés ! Et sans doute c’est par vertu que vos chiens savants s’abstiennent en temps ordinaire ?

— Nombreux sont les animaux qui ne pratiquent l’amour qu’en temps de rut.

— Vous voulez dire : dont les femelles ne pratiquent l’amour… Car, s’il est, à parler poétiquement, une saison de l’amour, il n’est pas, à proprement parler, d’époques pour les mâles (et plus spécialement les chiens dont nous nous occupons présentement, et plus généralement les animaux domestiques, se soucient assez peu des saisons). Pour le mâle toute époque est bonne ; pour la femelle, celle de ses règles uniquement. Et le mâle ne la désire qu’alors[1]. Ne serait-ce pas que ce qui attire ici le mâle, c’est l’odeur que répand alors la femelle[2] ? Ne serait-ce pas ce parfum, et non proprement votre chienne, qui faisait accourir du village voisin les chiens à l’odorat subtil et qui les maintenait en éveil, bien qu’ils ne pussent approcher… ?

  1. « L’instinct génésique, chez le mâle, s’éveille en tout temps sous l’influence de la seule odeur qu’exhale une femelle en rut ; chez la femelle, il ne se manifeste normalement qu’à des époques fixes et sous l’influence intrinsèque du travail d’ovulation et de ponte dont ses propres ovaires sont le siège. De plus, quand elle a été fécondée, le même instinct sommeille durant tout le temps de sa gestation et une partie de celui de l’allaitement du jeune ou des jeunes, ce qui, chez la plupart de nos femelles domestiques, équivaut à une année. »
    Samson, II, p. 87.
  2. … « Activité plus grande des glandes vaginales, dont le produit de sécrétion exhale une odeur particulière, que le flair du mâle ne manque pas de lui faire reconnaître. »
    Samson, V, p. 181, 182.