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mon livre, où je n’aborde ce point important que plus tard.

— Suivez l’ordre qu’il vous plaira. J’accorde que vous différiez le plus possible les questions qui vous peuvent embarrasser, pourvu que vous y arriviez à la fin… Car, j’y suis désormais résolu : je ne vous tiendrai pas quitte, que vous n’ayez épuisé votre science et votre logique, fait feu de tous vos arguments. Mais dites à présent comment vous entrez dans la seconde partie de votre livre.

— Nous y voici : je commence par constater que l’odorat, d’importance si capitale dans les conjugaisons animales, ne joue dans les rapports sexuels de l’homme plus aucun rôle ; s’il intervient, c’est à titre surérogatoire.

— Est-il vraiment bien intéressant de remarquer cela ?

— Cette différence me paraît si remarquable que je doute si M. de Gourmont, en n’en faisant point mention dans son livre, en n’en tenant point compte dans son assimilation de l’homme aux animaux, ne l’aurait pas remarquée, ou l’aurait simplement omise — ou très commodément escamotée.

— Je ne l’ai pourtant jamais vu embarrassé par une objection. Peut-être précisément n’attachait-il pas à celle-ci l’importance que vous lui accordez.

— Et ce qui vous apparaîtra, je l’espère, dans les conséquences qu’elle entraîne et que je vais essayer de vous exposer.

La femme, disons-nous, n’a plus pour attirer l’homme l’odeur périodique des menstrues ; quelque autre attrait sans doute la remplace ; naturel ou postiche, cet attrait reste indépen-