Page:Gide - De l’influence en littérature.djvu/20

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que toute une famille, un groupement d’hommes, un pays subit à la fois ; celles que dans sa famille, dans sa ville, dans son pays, l’on est seul à subir (volontairement ou non, consciemment ou inconsciemment, qu’on les ait choisies ou qu’elles vous aient choisi). Les premières tendent à réduire l’individu au type commun ; les secondes à opposer l’individu à la communauté. — Taine s’est occupé presque exclusivement des premières ; elles flattaient son déterminisme mieux que les autres…

Mais comme on ne peut inventer rien de neuf pour soi tout seul, ces influences que je dis personnelles parce qu’elles sépareront en quelque sorte la personne qui les subit, l’individu, de sa famille, de sa société, seront aussi bien celles qui le rapprocheront de tel inconnu qui les subit ou les a subies comme lui, — qui forme ainsi des groupements nouveaux — et crée comme une nouvelle famille, aux membres parfois très épars, tisse des liens, fonde des parentés — qui peut pousser à la même pensée tel homme de Pékin et moi-même, et qui, à travers le temps, apparente Jammes à Virgile — et à ce poète chinois dont il vous lisait jeudi dernier le charmant, modeste et ridicule poème.

Les influences communes sont forcément les plus grossières — ce n’est pas par hasard que