Page:Gide - De l’influence en littérature.djvu/21

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le mot grossier est devenu synonyme de commun. — J’aurais presque honte à parler de l’influence de la nourriture si Nietzsche par exemple, et paradoxalement je veux le croire, ne prétendait que la boisson a une influence considérable sur les mœurs et sur la pensée d’un peuple en général : que les Allemands par exemple, en buvant de la bière, s’interdisaient à jamais de prétendre à cette légèreté, cette acuité d’esprit que Nietzsche voulait prêter aux buveurs de vin.

Passons.

Mais, je le répète, moins une influence est grossière, plus elle agit d’une manière particulière. Et déjà l’influence du temps, celle des saisons, bien qu’agissant sur de grandes foules à la fois, agit sur elles de manière plus délicate et plus nerveuse, et provoque des réactions très diverses. — Tel est exténué, tel autre est exalté par la chaleur. Keats ne pouvait travailler bien qu’en été, Shelley qu’en automne. Diderot disait : « J’ai l’esprit fou dans les grands vents. »

On pourrait citer encore, citer beaucoup.

Passons.

L’influence d’un climat cesse d’être générale, et par là devient sensible, à celui qui la subit en étranger. — Ici nous arrivons aux influences particulières ; — à vrai dire, les seules qui aient droit de nous occuper ici.