Page:Gide - De l’influence en littérature.djvu/37

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hollandaise, pour venir à bout de ses dernières dominations.

En littérature, croyez bien que ce ne sont pas les « verslibristes », pas même les plus grands, les Vielé-Griffin, les Verhæren, qui viendraient à bout du Parnasse — c’est le Parnasse lui-même qui se supprime, se compromet en ses derniers lamentables représentants.


Disons encore ceci : ceux qui craignent les influences et s’y refusent en sont punis de cette manière admirable : dès qu’on signale un pasticheur c’est parmi eux qu’il faut chercher. — Ils ne se tiennent pas bien devant les œuvres d’art d’autrui. La crainte qu’ils ont les fait s’arrêter à la surface de l’œuvre ; ils y goûtent du bout des lèvres. — Ce qu’ils y cherchent, c’est le secret tout extérieur (croient-ils) de la matière, du métier — ce qui précisément n’existe qu’en relation intime et profonde avec la personnalité même de l’artiste, ce qui demeure le plus inaliénable de ses biens. — Ils ont, pour la raison d’être de l’œuvre d’art, une incompréhension totale. Ils semblent croire qu’on peut prendre la peau des statues, puis qu’en soufflant dedans, cela redonnera quelque chose.

L’artiste véritable, avide des influences profondes se penchera sur l’œuvre d’art, tâchant de l’oublier et de pénétrer plus arrière. — Il considérera l’œuvre d’art accomplie comme un point d’arrêt, de frontière ; pour aller plus loin