Page:Gide - La Porte étroite, 1909.djvu/105

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
la porte étroite

— Non… rassure-toi : simplement j’ai mal à la tête ; ces enfants font un tel vacarme… j’ai dû me réfugier ici… Il est temps que je retourne auprès d’eux maintenant.

Elle me quitta brusquement. Du monde entra qui me sépara d’elle. Je pensais la rejoindre dans le salon ; je l’aperçus à l’autre extrémité de la pièce, entourée d’une bande d’enfants dont elle organisait les jeux. Entre elle et moi je reconnaissais diverses personnes auprès de qui je n’aurais pu m’aventurer sans risquer d’être retenu ; politesses, conversations, je ne m’en sentais pas capable ; peut-être qu’en me glissant le long du mur… J’essayai.

Comme j’allais passer devant la grande porte vitrée du jardin, je me sentis saisir par le bras. Juliette était là, à demi cachée dans l’embrasure, enveloppée par le rideau.

— Allons dans le jardin d’hiver, dit-elle précipitamment. Il faut que je te parle. Va de ton côté ; je t’y retrouve aussitôt. — Puis en-