tr’ouvant un instant la porte, elle s’enfuit dans le jardin.
Que s’était-il passé ? J’aurais voulu revoir Abel. Qu’avait-il dit ? Qu’avait-il fait ?… Revenant vers le vestibule, je gagnai la serre où Juliette m’attendait.
Elle avait le visage en feu ; le froncement de ses sourcils donnait à son regard une expression dure et douloureuse ; ses yeux luisaient comme si elle eût eu la fièvre ; sa voix même semblait rêche et crispée. Une sorte de fureur l’exaltait ; malgré mon inquiétude, je fus étonné, presque gêné par sa beauté. Nous étions seuls.
— Alissa t’a parlé ? me demanda-t-elle aussitôt.
— Deux mots à peine : je suis rentré très tard.
— Tu sais qu’elle veut que je me marie avant elle ?
— Oui.
Elle me regardait fixement…
— Et tu sais qui elle veut que j’épouse ?