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ANDRE GIDE

tout s’était mis en route. L’aurore frémissait d’une joie infinie et le printemps naissait d’un appel de sourires. Des chants vibrèrent et parut une ronde de jeunes filles.

Folles et par l’herbe trempées, et les cheveux encore défaits de la nuit, elles cueillirent des fleurs toutes, et, levant leur jupe en corbeille, laissèrent danser leurs pieds nus. Puis, de leurs rondes vite lassées, elles descendirent au bas du pré, vers les sources, s’y laver, s’y mirer, s’apprêter pour les plaisirs du jour.

En se quittant, chacune oublia ses compagnes.

Rachel revint seule et songeuse ; elle reprit les fleurs tombées et se baissait