Page:Gide - La Tentative amoureuse, ou le Traité du vain désir.djvu/23

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ANDRE GIDE

en geste d’en cueillir de nouvelles, pour ne pas voir approcher Luc. Elle cueillait les boutons d’or, les sauges et les marguerites, et toutes les fleurs des prairies. Luc apportait les digitales des ravins et les jacinthes violettes. Il était tout près de Rachel ; maintenant elle tressait les fleurs. Luc voulait, mais n’osait joindre ses fleurs à la guirlande ; et soudain, les jetant à ses pieds :

— Ce sont les fleurs sombres des bois, dit-il, et je les ai cueillies dans l’ombre, pour vous, puisque c’est vous qui parûtes ; j’avais cherché toute la nuit. Vous êtes belle comme le printemps cette année, et plus jeune encore que moi-même. J’ai vu ce matin vos pieds nus. Vous étiez avec vos com-