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ANDRE GIDE

Été ! Été ! Il faudrait chanter cela comme un cantique. — Cinq heures ; — je me suis levé (voici l’aube) et je suis sorti par les champs. — S’ils savaient tout ce qu’il y a de rosée fraîche sur l’herbe, d’eau froide où laveront les pieds frissonnants du matin ; s’ils savaient les rayons sur les champs, et l’étourdissement de la plaine ; s’ils savaient l’accueil de sourires que l’aube fait à qui descend vers elle dans l’herbe, — ils ne resteraient pas à dormir, je suppose, — mais Luc et Rachel sont las des baisers de la nuit, et cette lassitude amoureuse met plus de sourires peut-être dans leurs rêves que l’aube n’en a mis dans les champs.