Page:Gide - La Tentative amoureuse, ou le Traité du vain désir.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
ANDRE GIDE

repos du jour : Racontez-moi l’aube d’été, dit Rachel, puisque me tient ici près de vous ma paresse. Luc commença :

C’était l’Été, mais avant l’aube ; les oiseaux ne chantaient pas encore ; la forêt s’éveillait à peine.

— Ô ! pas une forêt, dit-elle ; une avenue. L’aube naît, et si les oiseaux ne chantent pas encore, c’est à cause de la vallée trop profonde où la nuit est encore attardée ; mais déjà des clartés blanchissent le haut des collines.

— Vers ces clartés supérieures, reprit Luc, deux chevaliers s’aventurèrent, et vers le plateau qui domine, après avoir suivi toute la nuit la vallée. Ils étaient silencieux et graves, ayant marché