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Page:Gide - Le Voyage d’Urien, Paludes.djvu/29

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La ville, où nous devions nous embarquer au soir, éclatait de soleil, de clameurs et de fêtes, sous la blanche ferveur de midi. Le marbre des quais brûlait les sandales ; la fête était bariolée. ― Deux navires étaient arrivés la veille, l’un de Norvège, l’autre des merveilleuses Antilles ; et la foule courait pour en voir arriver un troisième, majestueux entrant au port. Celui-ci venait de Syrie, chargé d’esclaves, de pourpre en balles et de pépites. Tout l’équipage sur le pont se pressait ; l’on entendait les cris des manœuvres. Des matelots, au haut des mâts, détachaient des cordages et d’autres, près des flots, lançaient des câbles ; les plis des voiles dégonflées s’accrochaient aux grandes vergues où s’éployaient des oriflammes. La mer, vers le bord, n’était pas assez profonde pour laisser le navire s’approcher du quai ; des barques vinrent à lui qui d’abord prirent les esclaves, ― et sitôt qu’elles furent descendues, le peuple s’empressa pour les voir ; elles étaient belles et presque nues, mais tristes. ― Les matelots débarquèrent encore des parfums et des étoffes précieuses, mais