Page:Gide - Philoctète, 1899.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

travers chaque chose – et une seule lui suffit, symbole, pour révéler son archétype ; il sait que l’apparence n’en est que le prétexte, un vêtement qui la dérobe et où s’arrête l’œil profane, mais qui nous montre qu’Elle est là[1].

Le Poète pieux contemple ; il se penche sur les symboles, et silencieux descend profondément au cœur des choses, – et quand il a perçu, visionnaire, l’Idée, l’intime Nombre harmonieux de son Être, qui soutient la forme imparfaite, il la saisit, puis, insoucieux de cette forme transitoire qui la revêtait dans le temps, il sait lui redonner une forme éternelle, sa Forme véritable enfin, et fatale, – paradisiaque et cristalline.


Car l’œuvre d’art est un cristal – paradis partiel où l’Idée refleurit en sa pureté supérieure ; où, comme dans l’Éden disparu, l’ordre

  1. A-t-on compris que j'appelle symbole — tout ce qui paraît ?