Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/248

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2° Les paiements à l’étranger ont un effet plus considérable. — Bien qu’un pays n’ait jamais à solder en numéraire qu’une petite partie de ses importations, cependant il y a toujours des remises en espèces à faire à l’étranger. Or, si quand il s’agit de payer nos dettes à l’intérieur et vis-à-vis de nos concitoyens, nous avons de par la loi la faculté de nous servir de la mauvaise monnaie aussi bien que de la bonne, cette alternative nous fait défaut quand il s’agit de régler un achat fait à l’étranger. Le créancier étranger n’étant nullement tenu de prendre notre monnaie, ne l’acceptera que pour le poids de métal fin qu’elle contient, c’est-à-dire pour sa valeur réelle. Nous ne pouvons donc songer à lui envoyer de la monnaie faible. La conclusion qui s’impose, c’est que nous devons garder celle-ci pour le commerce intérieur, puisque dans ce domaine elle rend les mêmes services que l’autre, et réserver la bonne pour notre commerce extérieur. Et c’est là une seconde et importante cause de déperdition de la bonne monnaie.

3° Mais la cause qui fait disparaître le plus rapidement la bonne monnaie, c’est la vente, la vente au poids. — Vendre la monnaie au poids ! Voilà une opération bien singulière en apparence et dont on ne s’explique pas bien l’utilité. Elle est pourtant fort simple. Sitôt que par suite d’une hausse dans la valeur de l’or, la pièce d’or se trouve avoir une valeur métallique supérieure à sa valeur légale, sitôt qu’elle vaut plus comme lingot que comme monnaie, on a un intérêt évident à ne plus s’en servir comme pièce de monnaie, mais à s’en servir comme lingot. On la retire donc de la circulation et on l’envoie sur le marché des métaux précieux. Si la valeur du bronze haussait notablement, ne pense-t-ou pas que nombre d’objets en bronze, cloches, canons, statuettes, seraient détruits pour réaliser la valeur du métal qu’ils contiennent ? Ou bien encore, si l’on imaginait que la valeur du papier vînt à augmenter dans des proportions très considérables, beaucoup de livres ne seraient-ils pas retirés des rayons des bibliothèques pour être vendus au poids au marchand de vieux papiers  ? Il en est exactement de même de la monnaie. Quand