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publique, l’hygiène publique (logements insalubres, préservation des épidémies, falsification des denrées alimentaires).

Il va sans dire que cette extension progressive des attributions de l’État doit se traduire par un accroissement proportionnel des dépenses publiques[1]. Néanmoins il serait injuste de faire retomber sur le socialisme d’État, comme on l’appelle, la plus lourde part de responsabilité dans l’aggravation énorme des charges publiques. Si du chiffre total des dépenses de l’État qui est de 3 milliards 1/2, on retranche le milliard de la guerre et de la marine et le milliard de la dette publique — qui se rattache aussi pour la plus grande part, comme nous l’avons fait observer, à la guerre, — si l’on retranche aussi les 4 ou, 500 millions que coûte la perception des impôts, il reste à peine un milliard de dépenses publiques à répartir entre les divers ministères. Or si l’on songe que le revenu total de la France est évalué à 20 ou 25 milliards, on ne trouvera plus aussi exorbitant qu’elle consacre 4 à 5 % de ce revenu à des dépenses d’intérêt collectif[2].


II

LES REVENUS PUBLICS.


À la différence des simples particuliers qui sont bien obligés de régler leurs dépenses sur leurs revenus, l’État d’ordinaire règle ses recettes d’après ses dépenses. Puisque, pour remplir ses diverses fonctions, il a besoin de 3 milliards 1/2

  1. En 1876 on comptait, 189 000 fonctionnaires de l’État coûtant 303 millions de traitement. Aujourd’hui on en compte 463.000 coûtant 615 millions. En 20 ans seulement, l’augmentation a donc été de plus du double.
  2. Il est vrai qu’il faut ajouter plus d’un milliard pour les dépenses des communes et des départements, qui sont aussi des dépenses d’intérêt collectif, ce qui élève la proportion à 10 %.
    Il est clair que le militarisme n’était pour rien — ou pour peu de chose (quelques casernes à bâtir) — dans l’accroissement des dépenses municipales, celui-ci ne peut être expliqué que par l’extension des attributions des municipalités.