Page:Gide - Un esprit non prévenu, 1929.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Montaigne, y voit une démangeaison ridicule, mais n’est jamais si grand que lorsque lui-même y cède, et malgré lui. Qu’il écrive : « Le Christ a versé son sang pour les hommes », et sa parole retombe sans vertu. Dès qu’intervient le « Je », tout s’anime, et quand ce Dieu vient à lui, le tutoie : « J’ai versé telle goutte de sang pour toi ». Telle goutte spéciale, pour toi, Blaise Pascal… Chacun de nous aussitôt se sent compris dans ce tutoiement adorable.

La grande différence entre le christianisme et le paganisme[1] :

  1. J’avais écrit d’abord : « la grande supériorité du christianisme sur le paganisme »… Mais faut-il vraiment voir là une supériorité ?