Page:Gilbert - Le Dix-huitième Siècle, 1775.djvu/22

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Qui pourroit le nier ? Moi peut-être : j’avoue
Que d’un rare ſavoir à bon droit on le loue ;
Que ſes chefs-d’œuvres faux, trompeuſes nouveautés,
Étonnent quelquefois par d’antiques beautés ;
Que par ſes défauts même il ſait encor ſéduire :
Talent qui peut abſoudre un ſiècle qui l’admire ;
Mais qu’on m’oſe prôner des Sophistes peſans,
Apoſtats effrontés du goût & du bon ſens :
Saint-Lambert, noble Auteur dont la Muſe pédante
Fait des vers fort vantés par Voltaire qu’il vante ;
Qui, prêchant les Pervers, pour ennuyer les Bons,
En quatre Points mortels a rimé les Saiſons ;
Et ce vain Beaumarchais qui trois fois avec gloire
Mit le Mémoire en Drame & le Drame en Mémoire ;
Et ce lourd Diderot, Docteur en ſtile dur,
Qui paſſe pour ſublime, à force d’être obſcur ;
Et ce froid d’Alembert, Chancelier du Parnaſſe,
Qui ſe croit un grand Homme & fit une Préface ;
Et tant d’autres encor dont le Public épris,
Connoit beaucoup les noms & fort peu les écrits ;
Alors, certes alors ma colère s’allume,
Et la vérité court ſe placer ſous ma plume.
Ah ! du moins par pitié s’ils ceſſoient d’imprimer,
Dans le ſecret, contens de proſer, de rimer ;
Mais de l’humanité maudits Miſſionnaires,
Pour leurs triſtes Lecteurs ces Prêcheurs n’en ont guères :