La gaîté française, la verve gauloise, alliage de satire et d’indulgence, étaient bien éclipsées quand surgit le plus intarissable et le plus naturel des auteurs gais. Les défauts de ses productions sont saillants : le manque absolu de distinction, la recherche des allusions polissonnes, le dédain de la langue, l’absence de méthode, de correction et de délicatesse dans la phrase. Mais il faut accorder à l’auteur de Gustave le mauvais sujet une allure irrésistible, une aisance qui lui fait prendre toujours le mot tel qu’il se présente, une vérité d’observation qui donne la vie à tous ses personnages.
Son art particulier de saisir les mœurs et les travers de la petite bourgeoisie, sa malice, sa sensibilité parfois inattendue au milieu des éclats de rire, l’adresse qu’il possède d’encadrer de romanesque les réalités plaisantes de l’existence, tout cela forme un ensemble de qualités non méprisables.
Elles sauveront de l’oubli le joyeux père de Mon Voisin Raymond, de Monsieur Dupont, du Tourlourou et de tant d’autres récits, gaillards plutôt qu’immoraux et dépourvus de toute perversité.
À la suite de ces romanciers marquants, il faudrait dresser le catalogue étendu de ceux qui continuèrent — et perpétuent — leur œuvre : F. Soulié, Ponson du Terrail, Paul Féval, Roger de Beauvoir, Alfred Assouant, Amédée Achard, Emmanuel Gonzalès, Pierre Zaccone, Elie Berthet, Gaboriau, Richebourg, Fortuné du Boisgobey, X. de Montépin, Gourdon de Genouillac, F. Ghampsaur, P. Ninous, Philibert Audebrand, Arsène Houssaye