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AVÈNEMENT DU ROMAN FEUILLETON

persifflage ; sa nature était peu folâtre, aussi ses inventions plaisantes, clairement écrites, manquent-elles de naturel : on le voit dans son célèbre Capitaine Corcoran. Un autre feuilletoniste, A. Achard, excellait à parsemer de gaîté et d’un fin réalisme les scènes pittoresques de la vie bourgeoise. Uniforme, prolixe, il manquait également de simplicité et d’aisance. Son style, assez agréable, est parfois maniéré : la Robe de Nessus restera comme un de ses meilleurs romans.

Citons encore, d’Em. Gonzalès : les Danseuses du Causase, d’Elie Berthet : le Val d’Andorre et la Mine d’or, narrations ingénieuses et attachantes ; de Pierre Zaccone : le Roi de la Bazoche et d’autres ouvrages où revit le monde des forçats et des bagnes. Gaboriau possédait, à l’extrême degré, l’habileté de l’intrigue, le don de secouer les nerfs, de suspendre Tintérêt, dans ses « romans de cour d’assises » dont il a fait un genre spécial et recherché du gros public. Que de gens lisent encore l’Affaire Lerouge, M. Lecocq, le Dossier no 113, etc. ?

Viennent enfin, au milieu de la foule, quelques noms énumérés plus haut et dont la liste complète importe peu : Albert Delpit, au style banal, à l’avide recherche de l’actualité[1], E. Richebourg et sa Fille maudite, F. du Boisgobey ; Ernest Daudet, écrivain plus distingué que maint autre feuilletoniste dans le Défroqué, les Reins cassés, Pervertis, le Mari, la Maison de Graville, etc. ; Ad. d’Ennery, Pierre Ninous, Ernest Capendu, non sans valeur ; A. Belot,

  1. Disparu, le Fils de Coralie, etc.