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peinture quelque chose de plus virginal, de plus candide et de plus suave que la rencontre de saint François avec trois jeunes filles angéliques, — rien de plus nuptial que son mariage avec la Pauvreté, — rien de plus volatil, de plus immatériel que le croissant qu’elles tracent dans le calme du soir, en s’évanouissant dans le ciel comme l’espoir, comme l’amour et comme le soupir…


IV



Il me resterait à suivre les conséquences de tout ceci dans l’Italie et dans l’Europe. J’aurais à signaler les œuvres, devenues assez rares, consacrées en deçà des Alpes à la légende franciscaine ; j’aimerais à dire un mot des vitraux de Kœnigsfelden[1], de la chapelle de Châteaudun, de la chapelle de Rieux[2]. Mais c’est sur un

  1. Ce couvent fut fondé en 1308 par Agnès, veuve d’Albert Ier d’Autriche, sur le lieu du meurtre de son mari. Les verrières du chœur, les seules qui subsistent, furent exécutées de 1311 à 1337, dans le plus beau style héraldique du xive siècle. Elles représentent, avec les vies du Christ et de la Vierge, de saint Paul, de sainte Catherine et de saint Jean-Baptiste, celles des grands saints franciscains : saint François, saint Antoine, sainte Claire et sainte Elisabeth. Cf. Hans Lehmann, Zur Geschichte der Glasmalerei in der Schweiz, dans les Mitteilungen der antiquarischen Gesellschaft, Zurich, 1906.
  2. La statue de saint François, à la chapelle de Châteaudun, occupe encore la place où l’avait érigée la veuve de Dunois. Celle de la chapelle de Rieux, aux Cordeliers de Toulouse, a figuré longtemps au portail de la Dalbade ; transportée au musée (ancien couvent des Cordeliers), elle est revenue à peu près à son ancienne place. Un manuscrit de la Bibliothèque Nationale (no 4902, fo 226) nous a conservé le croquis d’un bas-relief du cloître du Mont-Saint-Michel (achevé en 1228) et représentant saint François sur le pélican, le froc et les souliers (sic) percés pour laisser voir ses plaies. Ce curieux dessin est reproduit par M. Goût. Le Mont-Saint-Michel, t. I, p. 165, 1910. M. Bégule (Vitraux de la région de Lyon, 1911, p. 90), publie une verrière de l’Arbresle qui représente notre saint. Voir aussi le beau saint François, attribué à Germain Pilon, à l’église Saint-Jean-Saint-François, à Paris. — Ce ne sont pas même là les premiers éléments d’une iconographie française de saint François. Jadis tous les couvents ont dû avoir l’image de leur patron. Mais on a tant détruit en France ! Et il nous manque des répertoires pour compter le peu qui nous reste.