Page:Gillet - Histoire artistique des ordres mendiants.djvu/355

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songez aux Passions de Dürer, à sa Vie de la Vierge, et vous saisirez, je crois, la nuance que je vous signale.

C’est cette nuance qui se retrouve dans l’école milanaise. L’œuvre la plus curieuse à cet égard est le célèbre Sacro Monte de Varallo[1]. Varallo en Piémont est un lieu de pèlerinage renommé ; on y vient encore, le 15 août, de bien loin à la ronde. Vers la fin du xve siècle, un moine franciscain, frère Bernardino Caimi, après avoir passé plusieurs années en Palestine[2], conçut le projet de transporter dans son pays une fidèle image des Lieux Saints. C’était l’époque où cet ordre de choses excitait le plus d’intérêt, et où le fameux Voyage de Bernard de Breydenbach obtenait un si grand succès de librairie[3]. Après quelques recherches, le choix du

    l’artiste, dans Thausing, Dürers Briefe, p. 167 et suiv. Le plan de la Vie de la Vierge se trouve, selon Baader, dans les archives du couvent : il date de l’époque où Charité était prieure. Beiträge zur Kunstgeschichte Nürnbergs, Nordlingen, 1860, t. II, p. 63-70 ; Janssen, L’Allemagne et la Réforme, t. I, p. 182.

  1. S. Butler, Ex-voto, an account of the Sacro Monte or New-Jerusalem at Varallo-Sesia, Londres, 1890 ; Motta, Il beato Bernardino Caimi, Turin, 1891 ; Miscell. di storia francescana, 1886, t. I, p. 61 et suiv. ; Mariotti, La passione di G. Cristo ed i Francescani, Sainte-Marie-des-Anges, 1907, p. 144 et suiv.

    Une œuvre toute semblable, et dans une région voisine, est le Calvaire de Romans (Drôme), élevé en 1516 par un certain marchand, Romanet Bouffin, dit Richard, lequel en avait vu un pareil à Fribourg, et avait obtenu licence de le copier (Arch. de la Société d’histoire du canton de Fribourg, t. V, Fribourg, 1893, p. 274 et suiv.). Il ne s’agissait à l’origine que des Sept chutes, comme dans le Calvaire de Krafft à Nuremberg. Le pèlerinage compte aujourd’hui quarante stations. L’œuvre, dès le début, est prise en main par les franciscains. Cf. Voyage et oraisons du Mont Calvaire de Romans, Paris, 1556 ; Directoire du voyage, par Frère Archange de Clermont, cités dans Thurston, Étude historique sur le chemin de la croix, 1907, p. 96 et suiv. ; cf. U. Chevalier, Bulletin d’histoire ecclésiastique des diocèses de Valence, t. IV, p. 68 ; Kneller, Geschichte der Kreuzwegandacht, Fribourg, 1908, p. 25.

  2. Il avait été à deux reprises (1477 et 1487) custode de Terre-Sainte. Depuis 1491, il était gardien de l’Observance.
  3. Publié à Mayence en 1486. Cf. Falk, Druckkunst, p. 47-50 ; liste des éditions, p. 104-106. Il y eut des traductions françaises, italiennes, hollandaises, espagnoles. Voir Röhricht et Meisner, Deutsche Pilgerreise nach dem Heiligenlande, Berlin, 1880.