Aller au contenu

Page:Gillet - Histoire artistique des ordres mendiants.djvu/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’art compris sous le nom de Renaissance et qui forment l’objet des précédentes études.

C’est qu’il s’était passé, au cours du xvie siècle, un événement irréparable : la Réforme décidément est un fait accompli. Toutes les tentatives de conciliation avaient abouti à ce désastre : une moitié de la chrétienté se détachait de Rome ; on avait vu se dresser Église contre Église ; la conscience européenne se divisait pour des siècles ; chaque nation se trouvait intimement déchirée. Pour réparer cette brèche, guérir ses meurtrissures, l’Église se recueille et se réorganise, cherche à se reconnaître et à se raffermir. Il fallait faire un sérieux examen de conscience, compter les pertes, se retrancher derrière une nouvelle ligne de défense. Ce fut l’œuvre du concile de Trente.

Je ne fais pas ici l’histoire du concile. Mais Trente est sur le chemin de l’Allemagne, à une heure de Vérone et à deux heures de Venise ; et c’est de Venise que part le mouvement de réaction ou de renaissance catholique d’où est issue l’œuvre de Trente. C’est la petite société piétiste des Contarini, des Caraffa, des Giberto, qui prit en main dès l’origine cette initiative nécessaire[1]. Tous les points du dogme et de la morale furent corrigés et définis au point de vue du catholicisme. L’art eut son tour à la fin, dans la vingt-cinquième et dernière session.

« Le saint concile, y est-il prononcé, défend de placer dans une église aucune image qui rappelle un dogme erroné et qui puisse égarer les simples. Il veut qu’on évite toute impureté, qu’on ne donne pas aux images des attraits provo-

  1. Cf. Ranke, Histoire de la papauté pendant les XVIe et XVIIe siècles, trad. franç., 1838, t. I, p. 181 et suiv. ; Symonds, Renaissance in Italy, t. VI et VII, The Catholic reaction, nouv. édit., Londres 1907 ; Dejob, De l’influence du concile de Trente, 1884.