Page:Gillet - Histoire artistique des ordres mendiants.djvu/373

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qui avait été longtemps le charme et la consolation des âmes ? Peut-on sans un soupir voir se clore le jardin étrange et familier où la Madone conversait avec des saintes en robes de cour, ce monde de roman, cette divine idylle, qui avait aidé tant de fidèles à supporter cette vie en rêvant une vie meilleure ?

Mais quoi ! Le temps de l’enfance doit-il durer toujours ? Ne fallait-il pas, même au prix de quelques illusions perdues, arriver à l’âge viril et à la pensée adulte ? Je crois aimer autant que personne la poésie du moyen âge. Et pourtant, comment ne pas convenir qu’il y a, chez un Raphaël ou chez un Léonard, un idéal supérieur ? Laquelle de nos Vierges est vraiment comparable à la Vierge à la chaise ? Quelle peinture de la vie du Christ aux cartons d’Hampton-Court, à la Pêche miraculeuse ou à ce Pasce oves, d’une grâce enchantée de pastorale galiléenne ? Proposer de tels modèles à l’art religieux, était-ce lui conseiller de déchoir ?

Avec le concile de Trente, se termine l’histoire que nous avions entreprise ; les ordres mendiants ont fourni leur carrière complète. Leur œuvre va-t-elle maintenant se trouver abandonnée ? Personne n’en reprendra-t-il les méthodes, n’en rajeunira-t-il le programme, et ne donnera-t-il une floraison suprême au génie franciscain ? Ce sera en partie l’œuvre artistique de la Compagnie de Jésus, et cette dernière époque fera la matière de notre prochain et dernier entretien.