Page:Gillet - Histoire artistique des ordres mendiants.djvu/73

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et aucune idée de montrer jusqu’à quelle hauteur l’artiste saurait jeter une tour, ni quelle surface il voûterait d’une voûte prodigieuse. » Des murs de briques, un toit de bois, voilà une formule (et à mon gré la plus heureuse) de l’église des Mendiants. Le problème était celui-ci : faire, sur un espace donné, le maximum d’entrées, et de façon que tous à la fois, et de toutes les places, pussent voir l’officiant à l’autel et le prédicateur en chaire. Il s’agissait de faire une salle assez vaste pour que tout un peuple, un quartier tout au moins d’une ville, pût y tenir à l’aise, assez commode pour que chacun y fût un peu chez soi. Par conséquent, rien d’inutile : aucune espèce d’encombrement, pas de place perdue ; des piliers, s’il y a piliers, aussi minces et aussi rares que possible ; portant les voûtes les moins pesantes qu’il se pourra ; rien d’accessoire, rien de superflu, peu de chapiteaux sculptés, des colonnes sans bases, et en toutes choses la plus grande simplicité de moyens et d’effets.

M. Thode déduit parfaitement tout cela. Il classe les églises des Mendiants par provinces, en quatre familles principales, et voici le résumé de sa carte monumentale. (Je rappelle qu’il ne traite que de l’Italie.) — Famille ombrienne et toscane, la plus voisine de l’église mère : nef unique, mais au lieu de voûtes, une simple toiture en charpente. C’est le type des églises de Sienne ou de Pérouse. — Famille vénitienne : trois nefs presque égales en hauteur, et couvertes de voûtes comme la basilique d’Assise. Exemples : les Frari, San Zanipolo à Venise, ou la charmante église dominicaine de Sainte-Anastasie à Vérone. — Famille émilienne (les églises de Bologne et de Padoue) : celle-là est un peu à part, avec son mélange singulier de gothique et de byzantin, et sa combinaison de voûtes et de coupoles. Le Santo de