Aller au contenu

Page:Gingras - Les Guérêts en fleurs, poèmes du terroir, 1925.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
112
LES GUÉRÊTS EN FLEURS


Les feuilles, sur le sol, en rondes enfantines,
Tourbillonnent dans l’air, s’accrochent aux buissons,
Cependant que leur voix, en notes argentines
Sanglote éperdument en proie à des frissons.

Vers l’immense inconnu plein d’illusions vaines,
Les feuilles, fol essaim, vont, ainsi que nos jours
Décroissent lentement par le sang de nos veines,
Sous le destin de Dieu, s’engloutir pour toujours.

D’autres, que le passant, dans sa marche lassée
Foule d’un pied brutal, écrase du talon,
Dans le vieux cimetière où roule ma pensée,
Se déchirent aux croix, se perdent au sillon.

Fleurez, arbres déserts… ! Et vous feuilles jaunies,
Humble et douce parure éphémère des bois,
Petites ailes d’or, frêles choses ternies,
Allez chanter aux cieux votre plainte aux abois.