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LA MAISON PATERNELLE

II

Grandir, aimer, souffrir dans ma bonne maison
Est mon antique espoir que l’heure réalise ;
Je suis né sous ce toit faisant face à l’église,
En paix j’y veux mourir devant son horizon.

Et je voudrais trouver des phrases caressantes,
De ces mots cajoleurs, enivrants et joyeux
Que les amants ravis, des larmes pleins les yeux,
Se disent à mi-voix, les lèvres frémissantes.

Je désire en mon cœur ardent et généreux,
Que malgré mon exil cette vieille demeure
Sache combien je l’aime envers tous, à toute heure,
Pour ses jours de bonheur et ses jours malheureux.

Oui, je voudrais toujours pour exhaler mon rêve,
En un poème heureux, chanter mon toit natal.
Mais, j’ai failli, hélas ! mon poème est brutal,
Et mes vers ne sont plus qu’un long chant qui s’achève.

Qu’importe ! si je dis sans art mon grave amour !
Ce lieu cent fois béni de ma paisible enfance,
Pardonnera, je sais, si ma muse l’offense,
Car, paysan, je suis plus habile au labour.

J’en demeure toujours l’ami sûr et fidèle,
Et j’invoque souvent le divin Créateur,
De m’épargner un jour le remords délateur
De savoir mon logis sous une autre tutelle.

Puisse Dieu me donner, par un labeur constant,
La satisfaction que la joie accompagne,
De voir tous mes enfants dans la douce campagne
Vivre mon humble vie, et, je mourrai content.