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POÈME CHAMPÊTRE

III

Le soir naît. La bruine envahit la montagne
Où, pâle, le soleil s’enfonce avec lenteur.
Ses sublimes rayons traînent sur la campagne,
Ensanglantant du ciel le nord évocateur.

Et tels des vagabonds dévalant par « l’Ormière »,
Reviennent les faucheurs, harassés, poussiéreux.
Au loin, les yeux émus, ils cherchent leur chaumière
Dont le toit disparaît dans le soir ténébreux.

Les hiboux maraudeurs hululent aux domaines.
Le feu Saint-Elme danse ; il pleuvra demain…
Car le long des fossés odorants de verveines,
Passe la luciole étoilant le chemin.

Demain… ! Mais aujourd’hui par cette nuit profonde,
Je vais en évoquant ces toits silencieux,
Et songe que Dieu tendre a jeté sur ce monde,
Comme un baume à leurs maux, le sommeil oublieux.