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Page:Gingras - Les Guérêts en fleurs, poèmes du terroir, 1925.djvu/67

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POÈME HIVERNAL


L’hiver est revenu triste et silencieux ;
La neige étale aux champs son blanc manteau d’hermine ;
Le dernier laboureur vers sa maison chemine
Le regard lourd et terne et le front soucieux.

Plus de feuilles, de fruits ; pas une voile au large ;
Voilà plus d’un long mois que les flots en courroux
Ne charroient plus des bois l’épais feuillage roux
Dont l’oiseau prémuni se faisait une targe.

Pas un canard sauvage attardé dans les airs.
Même, ces grands troupeaux d’outardes à la file
Qu’on entend, dans le soir, survolant quelque ville ;
Pas un ne passe au bruit de leurs cris brefs et clairs.

Là-bas, entre les rangs clairsemés des érables,
Un moulin gesticule, et ses longs bras mouvants
Craquent sous la morsure et le souffle des vents ;
Closes sont les maisons, closes sont les étables.