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PINDARE

merveilleux de divination lui a révélé cette romanesque histoire. Il est juste d’ajouter que l’ode en question, la onzième Pythique, est une des moins aisées à comprendre, et qu’ici l’effort a été mesuré à la difficulté.

Une chose bien remarquable dans les erreurs des érudits éminents qui ont tenté d’interpréter Pindare, c’est qu’elles n’ont pas empêché les systèmes. Il y en a eu au moins deux, très chers à leurs auteurs, Bœckh et Dissen. Le premier pense qu’une ode en général est construite tout entière, mythes et moralités, d’après la vie du vainqueur, sur laquelle le poète tient constamment ses yeux fixés et qu’il suit exactement par de perpétuelles allusions. Le second cherche la pensée fondamentale dans une idée abstraite qui lui paraît dominer tout, la considération du courage ou de la haute fortune, cause principale de la victoire selon sa nature. À cette pensée générale, d’un caractère moral et abstrait, se rattachent des sources secondaires de développement, comme l’éloge de certaines vertus ou celui des dieux ; mais elle est partout, dans chaque idée, presque dans chaque mot. Ces deux systèmes, est-il besoin de le dire ? sont aisés à critiquer. Ils ont le tort commun de réduire tout Pindare au symbolisme le plus invraisemblable et le plus anti-poétique. Sans doute les allusions abondent : historiques, politiques, morales, se rap-