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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

portant aux circonstances de la victoire ou de la fête, il y en a de toute sorte ; mais il n’y en a pas partout, et il ne faut pas que la difficulté de les reconnaître en fasse découvrir là où elles n’existent pas. Sans doute aussi, dans telle ode, Pindare est surtout préoccupé de la vie du vainqueur ; dans telle autre, il se propose en général de le consoler ou de l’avertir ; mais il n’adopte pas uniformément un même point de vue ; malgré le fond persistant qui constitue sa personne morale et fait sa puissante originalité, il est varié comme la vie et comme la pensée ; au milieu de tous ces liens qu’il accepte volontairement, il use souverainement de sa liberté de poète ; et si la mythologie est pour lui une langue qui lui permet de tout dire, il ne la dépouille pas cependant de ses qualités propres pour ne lui attribuer qu’une valeur symbolique.

Toutefois, quels que soient les excès auxquels se sont laissé entraîner Dissen et Bœckh, leurs systèmes sont nés d’une idée juste, dont la découverte fait honneur à leur sagacité, c’est que l’unité des odes de Pindare, ces œuvres composées avec tant de science, est ailleurs que dans la suite apparente des idées exprimées ; c’est qu’elle réside dans quelque chose qui les domine. Quel est ce quelque chose, c’est ce qu’a mieux vu G. Hermann, le plus pénétrant peut-être des grands hellénistes de ce siècle, et dont cependant, nous le remarquions, les