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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/277

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LA PASTORALE DANS THÉOCRITE

Polyphême et chargeait Silène de le transformer en buveur élégant : Philoxène, dans son dithyrambe imitatif, fit danser cet être lourd et informe, et la danse de Polyphême devint un thème habituel de danse mimique. Théocrite en parle dans la viie idylle, et le témoignage d’Horace[1] nous montre qu’il avait été adopté à Rome par les pantomimes. Le caractère comique y était encore marqué d’une autre manière, qui devait être plus piquante, s’il est vrai que le Cyclope, avec sa lyre et son aspect inculte, était une image du tyran de Syracuse, Denys l’Ancien, également malheureux dans ses amours et dans ses tentatives poétiques. Y avait-il d’ailleurs dans le poème de Philoxène des pensées plus délicates, c’est ce dont on ne peut douter en retrouvant quelques expressions élégantes et passionnées dont Théocrite s’est souvenu. Sans doute cette composition singulière, dont les curieux doivent particulièrement regretter la perte, nous aurait beaucoup appris sur la variété de l’art grec et sur cette souplesse qui lui permettait d’unir les éléments les plus disparates. Ce dithyrambe obtint chez les anciens une célébrité dont une parodie d’Aristophane[2] est un premier témoignage. C’est de cet ouvrage que paraît dater l’introduction des amours de Polyphême et de

  1. Sat. I, 5, 63. Ep. II, 2, 125.
  2. Plutus, vers 290 et suivants.