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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/319

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L’ALEXANDRINISME

les réunions savantes. Dans les dépendances, il y avait la célèbre bibliothèque que les rois avaient réunie à grands frais, des lieux d’étude et d’enseignement où étaient admis même des enfants, des salles de dissection, des observatoires astronomiques installés sur les terrasses, des parcs peuplés d’animaux de toute espèce, des jardins d’acclimatation remplis de plantes rares. Une vaste salle à manger recevait les pensionnaires des Ptolémées, c’est-à-dire les savants, les érudits et les poètes que leur munificence attirait. Ils trouvaient ainsi, sous la présidence du grand-prêtre des Muses et la direction du bibliothécaire, reconnu en même temps comme chef du Musée, une somptueuse retraite, pourvue de toutes les ressources pour l’étude et pour le bien-être. Ils y vivaient, séparés de la foule, comme dans un des beaux monastères du moyen âge. Mais si leur monastère les protégeait contre le contact de la population mêlée d’Alexandrie, il était cependant singulièrement mondain et ouvert au siècle. Il les laissait, ou plutôt les mettait en communication constante avec le roi et avec la cour. Or, le roi, dans la dynastie des Ptolémées, est le plus souvent un mélange de volupté plus ou moins délicate et de cruauté. Il est curieux de voir comme certains unissent la férocité sanguinaire des Orientaux au goût de la grammaire et de la science. L’énorme Ptolémée

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