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L’ALEXANDRINISME

déploiera toutes les ressources de son invention et de son art. Ce morceau est, en effet, un de ceux qui prêtent le mieux à l’étude du talent d’Apollonius.

Des deux parties dont il se compose, la célébration de l’hyménée et la fête du lendemain, la première est de beaucoup la plus remarquable. La seconde, un peu confuse et un peu chargée, où les petites combinaisons du poète, ses recherches ingénieuses, son souci de la grâce et du pittoresque en même temps que de l’érudition mythologique, se distinguent facilement, marque bien, en somme, un dessein arrêté de rassembler sur la description du mariage de Médée et de Jason les seuls rayons de lumière heureuse dont le poème soit éclairé. Il y a dans la première une invention plus originale, un effet plus net et plus hardi. L’hymen a lieu pendant la nuit dans la grotte de Macris ; à la porte, les Argonautes, la lance à la main, par crainte d’une surprise des ennemis, mais couronnés de feuillage, chantent le chant d’hyménée qu’Orphée accompagne sur sa lyre ; l’intérieur est resplendissant. Sur le lit nuptial est étendue la toison d’or, le prix même de cette conquête accomplie par l’amour de l’épouse : elle remplit la grotte de son éclat et enveloppe de sa merveilleuse lumière une foule de nymphes que Junon a envoyées des vallées et des montagnes