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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/364

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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

versification. La langue surtout pourrait être l’objet d’une analyse très instructive sur les tendances et les ressources des alexandrins et, en particulier, du poète des Argonautiques. Comment il emploie les anciennes formes épiques et quelles sont celles qu’il préfère, comment il les imite, en reproduisant ou dénaturant les tours et les expressions, ce qu’il y mêle de mots et d’habitudes modernes, quel est le goût qui préside à tout ce travail et détermine la couleur dominante : ces points seraient intéressants à éclaircir pour l’intelligence de l’alexandrinisme, et aussi pour la connaissance générale des allures de l’esprit humain aux âges de civilisation avancée, où le poète écrit dans une atmosphère de science et de raffinement moral.

En indiquant les caractères de l’alexandrinisme dans la Médée d’Apollonius, j’ai principalement insisté sur les côtés faibles et sur les défauts, parce que la critique s’en est moins occupée. Il est évident qu’une appréciation complète devrait, pour être équitable, s’étendre beaucoup sur le talent déployé dans les peintures de l’amour au troisième livre du poème. Ce travail a été fait en grande partie par Sainte-Beuve, qui a pris la meilleure manière de faire valoir le poète : il l’a beaucoup cité. En lisant cette quantité de charmants morceaux que son goût n’a pas eu de peine à distinguer, on est naturellement conduit à conclure sur le point capi-