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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/40

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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

du poète était resté attaché à une forme d’argument.

Si ce fragment porte l’empreinte de la comédie, elle n’y est pas facile à distinguer ; mais elle ne l’est guère davantage dans les autres. Il faut donc conclure qu’autant qu’on en peut juger, la bouffonnerie, élément nécessaire de la comédie sicilienne, restait distincte de l’élément philosophique. Rien ne faisait pressentir dans l’expression des idées sérieuses ces fantaisies grotesques et ces hardiesses licencieuses dont Aristophane devait le plus souvent envelopper ses pensées les plus profondes ou les plus chères. La bouffonnerie pouvait être ailleurs, dans le cadre, dans d’autres scènes ; quant aux parties qui ont valu à Épicharme le renom de philosophe, elles n’admettaient qu’un comique tempéré, qui ne devait se retrouver sur la scène athénienne que longtemps après, lorsque les premières effervescences de la comédie s’y seraient calmées. N’était-ce pas ce qui convenait à cette partie éclairée et polie du public, qui s’était formée sous l’influence d’une cour fréquentée par les plus beaux génies poétiques et qui ne pouvait se contenter de grosses farces ? Le théâtre ne lui offrait ni l’âpre intérêt des passions politiques, qui ne pouvaient s’y donner carrière sous le régime des tyrannies, ni les grandes émotions de la tragédie, qui ne paraît à