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ÉPICHARME

Syracuse qu’accidentellement, comme une importation : au moins accepta-t-elle volontiers un plaisir plus délicat mêlé aux grossièretés d’un divertissement populaire.

D’un autre côté, s’il est probable que le petit nombre de fragments philosophiques qui nous est parvenu appartenait primitivement à des comédies, il n’en résulte pas nécessairement, comme le voudrait Grysar, qu’Épicharme n’avait pas composé sur ces matières un poème indépendant. Au contraire, cette supposition de l’existence d’un poème sur la nature, analogue à ceux de Xénophane, de Parménide, d’Empédocle, explique mieux le titre du poème pythagoricien d’Ennius ; il est plus naturel de se figurer le poète latin imitant le poète grec et, par suite, inscrivant le nom de celui-ci en tête de son ouvrage. On se demande aussi comment il eût été possible de faire passer pour une œuvre d’Épicharme ce poème de la République que nous avons mentionné, s’il n’avait jamais écrit que des comédies. L’activité d’Épicharme en dehors du théâtre ne peut être mise en doute. La petite biographie de Diogène de Laërte lui attribue des mémoires dont l’authenticité lui paraît attestée, pour la plupart, par des notes marginales de l’auteur et qui traitaient de la nature, de la médecine, formaient des recueils de sentences morales. Sans accorder trop de valeur à ce témoignage, ni le sou-