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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

mettre à une discussion approfondie, remarquons qu’il est difficile de penser, ou que des extraits de ses comédies aient suffi à remplir ces mémoires sur des sujets divers, ou que ces mémoires aient été mis sous son nom, si le faussaire ne s’était senti soutenu soit par l’existence d’écrits analogues d’Épicharme, soit par une opinion bien établie sur sa compétence en ces matières.

C’était donc une croyance répandue dans l’antiquité que le poète syracusain s’était occupé de tous ces sujets de manière à y laisser sa trace. Il était philosophe et moraliste ; il passait aussi pour avoir écrit sur la médecine ; Pline et Columelle le citent. Cela n’a rien de surprenant : il était de Cos, île consacrée tout entière à Esculape, où fleurissait une famille d’Asclépiades, où naquit Hippocrate, et des prescriptions médicales faisaient partie de la doctrine de Pythagore. Enfin on croyait qu’il avait composé un poème sur l’agriculture ; c’est ce que prouvent des vers où Stace[1] lui assigne les mêmes droits qu’Hésiode à la reconnaissance des cultivateurs :

…Quantumque pios ditarit agrestes
Ascraeus Siculusque senex.

Était-ce sous l’intelligente inspiration d’Hiéron, comme Virgile sous celle de Mécène et d’Auguste,

  1. Silves, V, 3, 150.