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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

étaient devenus des plaisirs recherchés et des débauches. Les goûts qu’elle transmit à ses colonies y trouvèrent les meilleures conditions pour prospérer. Sans doute la Mégare de Sicile ne fut pas en reste avec sa métropole, et il est évident que Syracuse, le séjour définitif d’Épicharme, n’avait pas reçu des traditions plus austères de la sienne, la voluptueuse Corinthe. Voilà pourquoi l’œuvre comique de notre poète, à en juger par les fragments qui sont venus s’accumuler dans le Banquet d’Athénée, paraît avoir été une perpétuelle satire de la gourmandise sicilienne.

Il est certain qu’il avait traité d’autres thèmes. Par exemple, les aventures d’Ulysse transfuge, — c’était le nom d’une comédie, — pénétrant dans l’intérieur de Troie et reconnu par Hélène, prêtaient assurément à plus d’une situation comique ; mais on ne sait rien de la façon dont elles étaient présentées. De tous les éléments comiques, ce qui se rapporte à la bonne chère est le seul qui ait survécu dans les dix-huit pièces mythologiques dont on a les titres. Il s’est également conservé dans les autres comédies. Ainsi celle qui était intitulée la Terre et la Mer renfermait des développements gastronomiques. Un débat était peut-être institué entre les deux éléments au sujet de la supériorité de leurs produits. La tradition de cette sorte de lutte n’était pas destinée à périr de sitôt, car Sué-