Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45
ÉPICHARME

tone nous raconte que l’empereur Tibère récompensa magnifiquement Asellius Sabinus pour son Concours entre le champignon et le becfigue, l’huître et la grive. Quelque esprit que l’auteur eût dépensé dans le détail, cela devait être singulièrement froid. C’est à Athènes, dans la période de verve inventive et de franche bouffonnerie, que les sujets de cette nature trouvèrent leur expression la plus plaisante et la mieux faite pour la scène. Les Poissons d’Archippus paraissent avoir été le chef-d’œuvre du genre. On sait que les poissons occupaient la place d’honneur sur les tables recherchées des anciens. Dans la pièce athénienne, ils soutenaient une guerre heureuse contre leurs ennemis les gourmands, et à la suite intervenait entre les belligérants un traité, en vertu duquel les vainqueurs rendaient les joueuses de flûte et certains viveurs spirituels, dont ils s’étaient emparés au grand dommage des festins, privés de leurs meilleurs éléments de joie : en échange, ils recevaient pour leur pâture les gourmands voraces comme le poète tragique Mélanthius. Il est probable que ces qualités d’entrain et de spirituelle bonne humeur se trouvaient déjà dans le théâtre d’Épicharme, et l’on risquerait de se tromper si, sur la foi des titres et de quelques débris isolés, on prétendait juger de la variété d’invention de ces pièces. Elle se laisse un peu mieux apprécier dans ce qui nous