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ÉPICHARME

d’art analogues. Le vorace Hercule, l’artificieux Ulysse, n’étaient-ce pas aussi des types, dont les traits, fixés par la tradition, s’offraient d’eux-mêmes au poète et aux spectateurs avant tout développement dramatique ? C’est ce qui nous avertit encore qu’il y avait entre les deux genres de comédie plus de rapport que ne semblerait l’indiquer la différence des sujets, et que c’étaient bien des œuvres de la même main.

Pour l’antiquité, si fidèle dans sa vénération reconnaissante pour les poètes qu’elle considérait comme ses instituteurs moraux, la part la plus considérable de l’héritage d’Épicharme consistait peut-être dans le grand nombre des maximes qu’elle avait extraites de ses ouvrages. Elles s’étaient d’abord imprimées d’elles-mêmes dans la mémoire ; puis on en avait formé des recueils, qui s’étaient répandus et conservés pendant de longs siècles. Jamblique disait des sages de son temps : « Ceux qui veulent débiter des maximes de sagesse pratique ont à la bouche les pensées d’Épicharme ; presque tous les philosophes les possèdent. » Il y eut même un faussaire, qui, d’assez bonne heure, mit sous ce nom autorisé des recueils de sentences de sa façon : un certain Axiopistos, au témoignage de Philochorus, avait ainsi attribué au poète sicilien des Maximes et un Canon ou règle de vie. Voilà comment Épicharme prit place, à côté de